Page:Yver - Dans le jardin du feminisme.djvu/52

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ses droits. Sidonie ne pouvait noyer sa personnalité dans l’amour. Elle a très noblement résisté. Cela a dû finir par fâcher ce monsieur.

Je réfléchis longuement. Sidonie était à l’autre extrémité du salon, silencieuse, debout et se penchant légèrement pour entendre une conversation. Sa joue délicate, un peu creusée sous la pommette, exprimait en même temps sa finesse excessive et une douleur cachée. Tout en elle était tendresse, grâce et bonté. Comme l’on comprenait qu’elle eût été si aimée ! Pourtant l’orgueil avait fait d’elle une insupportable précieuse qui avait exaspéré en fin de compte l’honnête homme auquel pendant des mois elle avait marchandé ce que l’amie appelait « sa personnalité ». Les hommes apportent dans l’amour plus de simplicité que nous. Un grand amoureux pardonne tout à ce qu’il aime, sauf ces chipotages. Il les trouve, avec raison, indignes de l’aveugle générosité qui anime la passion. Que ce médecin follement épris de Sidonie, l’aimant intelligente, savante, cérébralement puissante comme elle était,