Page:Yver - Dans le jardin du feminisme.djvu/53

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mais l’aimant toute et la voulant toute, se soit irrité de l’entendre dire : « Je vous aimerai jusqu’à la limite où ce sentiment n’entamera pas ma sereine volonté, je vous aimerai, mais sans me soumettre, sans obéir, sans oublier ce que je vaux ; je vous donnerai de mon âme, avec mesure, avec parcimonie, ce que je voudrai » ; oui, que d’entendre ces calculs le médecin en question fût parti dans un cri de haine et de colère, ce n’était que trop naturel. Je le dis à l’amie de Sidonie :

— Cette charmante fille n’a que ce qu’elle mérite. On ne lésine pas avec l’amour. Il comporte une humilité divine, une soumission. On n’aime qu’à la minute où l’on a dépouillé son moi, où on le renie au profit de ce qu’on aime. La première pensionnaire venue, le cas échéant, en sait là-dessus plus long qu’une doctoresse. La doctoresse a trop cultivé son orgueil. En gagnant beaucoup, elle a perdu quelque chose, ce quelque chose d’essentiellement féminin, cette flexibilité morale que l’homme exige dans l’amour.