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Page:Yver - Dans le jardin du feminisme.djvu/67

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vie », et qui répondaient quand on leur demandait ce qu’elles savaient faire : « Rien. »

Elles donnaient pourtant tous les signes de cette éducation parfaite qui fit l’honneur féminin dans les générations passées. Discrètes et modestes, elles avaient cette retenue, cette mesure, cette pudeur qu’on ne peut s’empêcher d’aimer et même de désirer dans une femme. Au lieu d’étaler leur détresse, on voyait, au soin qu’elles mettaient à ne la découvrir que craintivement, combien elles avaient désappris tout ce qui est trop vif, trop réel, trop direct. Il y avait une chasteté spirituelle dans leur crainte de trop montrer de leur âme. Leur résignation, qui pouvait passer pour de la douceur, n’était au demeurant que de la force passive. Leur personnalité avait été travaillée comme un métal. Leur excellente éducation les avait faites comme les fards font un visage. Et ainsi forgées, trempées, fortifiées par mille artifices invisibles, c’étaient de pauvres épaves. On tremblait de les mettre dans la rue. Il semblait que le flot roulant des voi-