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LA BERGERIE

I

Cinq heures sonnaient à toutes les églises de Rouen. Les grilles béantes de la caserne Saint-Vivien laissèrent passer, comme tous les soirs à pareil moment, le flot lent, paresseux et las des troupiers libérés du service du jour. Le factionnaire, jeune campagnard de dix-neuf ans, blond et imberbe, à la joue ronde et rose, la jugulaire au menton, les mains au canon du fusil, sentinelle et gardien de l’immense bâtisse blanche où logeait un régiment, les regarda passer avec indifférence. Un adjudant d’un air conquérant et vif, qui sortit à son tour, fit une trouée au milieu d’eux et il se dessina tout un mouvement de bras levés pour le salut militaire. Puis, de leur marcher pesant, hésitant et sans but, ils s’éparpillèrent dans la rue.