Page:Yver - La Bergerie.djvu/137

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

électrique. Dans le fond, une forme humaine à tête de femme, enserrée de bandeaux noirs, s’effilait dans un long fourreau de soie changeante, tendu sans pli sur la gorge bombée. Beaudry-Rogeas, rose et souriant, s’avançait, orgueilleux, attendri ; il menait devant lui, en se baissant vers ses petites épaules, sa fille Rosine, blonde, blanche, potelée, bouclée et… âgée de quatre ans.

Frédéric demeura stupide.

Tout son petit roman, légèrement ridicule et simple, s’effondrait dans ce néant. Rosine n’existait pas. [l n’y avait que ce joli bébé réjoui. C’était à cela qu’il avait écrit : « À Ma Rosine chérie. » Dire qu’il en avait rougi et que son cœur avait battu ! Il s’était trompé sur le profil grisaille de la commande.

« Dis bonjour au monsieur ! » clamait Beaudry-Rogeas, que sa paternité enivrait tout à coup, et qui ne cachait pas sa vanité.

Frédéric se baissa ; la petite, pareille à un jeune chat dressé qui tend la patte, offrit sa main à baiser. Ce cérémonial dérouta le jeune secrétaire. Cette chute de son rêve, le geste de ce bébé mondain et, par-dessus tout, le regard égyptien que lui lançait silencieusement de loin la personne au fourreau de soie glauque, l’affolèrent. Il alla s’incliner devant cette statue, et la salua en l’appelant « mademoiselle », à quoi Chapenel, qui était à ses