Page:Yver - La Bergerie.djvu/147

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

mura, faisant déjà un sourire dans son pauvre visage tuméfié :

« Comment êtes-vous ici, Frédéric ? »

Il répondit :

« J’accours de Paris pour faire le problème difficile.

— Oh ! le bon chemin de fer qui vous a amené, alors ! » s’écria-t-elle en riant de tout son cœur.

Et elle lui fit lire, sans plus de préambule, l’un de ces infâmes guet-apens que l’imagination retorse des mathématiciens tend aux pauvres écoliers sous le nom de problèmes. C’était un imbroglio de sacs de farine, d’hectares de terre plantés en blé, avec les tours de roue du moulin à la minute, et d’incalculables kilos, et de formidables sommes d’argent placées à intérêts complexes dans trente-six banques imaginaires. Un ramassis d’énigmes arbitraires comme jamais la vie pratique n’en offrit à la plus affairée des ménagères. Frédéric lut le problème. Un hasard permit qu’il comprit et pût l’expliquer. Camille le résolut sous sa dictée. Elle exultait. [] pensa qu’elle allait lui sauter au cou, elle ne le fit pas.

« Alors vous travaillez beaucoup maintenant ? lui demanda-t-il curieux.

— Oui, je travaille beaucoup. »

Et elle prenait un air entêté et fermé qui