Page:Yver - La Bergerie.djvu/148

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disait clairement : on ne déchiffrera pas cette énigme-là.

« Et cet amour de l’étude vous a prise : tout d’un coup ?

— Tout d’un coup, comme vous dites.

— Et vous ne jouez plus à la fermière ?

— Je n’ai pas le temps.

— Mais pourquoi travaillez-vous si fort ? »

Elle réfléchit une seconde, et fit cette réponse subtile et imprévue :

« Pour passer mes examens.

— Mais pourquoi passer vos examens ?

— Pour avoir mes brevets. »

Et tout en échappant par une adresse de jeune souris aux questions de Frédéric, avec cet amour du mystère et des secrets qu’ont les petites filles, elle laissait paraître volontairement, comme une coquetterie de son adresse, un imperceptible coin du secret, un vague parfum du mystère. Elle était contente de posséder en elle, en la cachant à tout le monde, une idée. Les grandes personnes cachent tant de choses aux petites filles, que c’est bien aussi leur tour quelquefois. Et Frédéric, pris à ce manège infiniment imprécis, s’amusait de voir cette grosse poupée, rieuse et joueuse, prendre tout à coup ces airs ténébreux et impénétrables. Il y avait décidément en elle un peu plus déjà qu’une enfant.

« Qu’est-ce que manigance cette petite ?