Page:Yver - La Bergerie.djvu/150

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jeunes gens partirent ensemble pour une excursion à travers le pays. Laure désirait depuis longtemps cette promenade dans les terres de son fiancé ; mais la châtelaine était trop lassée pour les accompagner si loin, et Camille seule n’était pas un chaperon suffisant pour escorter dans les champs deux amoureux. La présence de Frédéric sauva tout dans ce petit pays où les convenances étaient strictement surveillées. Il fut je porte-respect de la caravane.

Quand M. de Marcy arriva, équipé pour la course, Frédéric eut comme un semblant d’humiliation d’être si coquet ; vaniteusement, fémininement coquet, lui sembla-t-il, avec ses bottines de peau souple pour l’asphalte parisien, son complet serré, son petit pardessus clair, son faux-col douloureux, son feutre soyeux, devant le vigoureux terrien qui venait là. M. de Marcy était en jambières de toile qui rebroussaient jusqu’au genou sa culotte de velours brun. Un veston, large ouvert sur le plastron de la chemise, bravait les bourrasques de mars, et cet homme, vivant au grand air des prés normands, dédaigneux de se vêtir trop, comme il était ignorant du parapluie, portait un chapeau large et mou, lavé par toutes les averses de l’hiver.

Laure jeta sur ses épaules une pèlerine longue, mit un canotier de toile cirée. C’était