Page:Yver - La Bergerie.djvu/175

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

par instant, comme au moment où elle lui était apparue saine et puissante campagnarde blonde, parmi les bêtes du troupeau, elle lui avait rappelé fugitivement les folies, les orages endurés près de Fleur de Lys, et c’était, selon cette formule qu’il connaissait et analysait, l’amour. Mais quand il la considérait de sang-froid, garçonnière, toujours un peu poupée, avec ces choses indécises du coin de bouche et du menton qui sont de l’enfant, c’était pour elle une sollicitude si tranquille ! même parfois un besoin de baisers calmes et tendres, comme on en donne aux tout petits.

Il ne répondit pas à la châtelaine sur sa pensée, et dit seulement :

« Empêchez-la de travailler ; je ne veux plus qu’elle travaille. Elle me donne là un rôle atroce ; faites-lui comprendre que la Bergerie est pour elle, que je n’y serais jamais bon à rien, que je ne pourrai jamais être dans votre domaine l’admirable roi de la terre qu’est M. de Marcy dans le sien. »

Et il s’en fut brusquement, claquant la porte, ayant une folle envie de pleurer, de crier d’une rage mystérieuse qui lui venait on ne savait de quoi.

Seulement toute l’après-midi il rôda aux alentours de la chambre de Camille, parce qu’il avait un inconscient désir de la voir, de l’entendre parler, de chercher dans cette petite