Page:Yver - La Bergerie.djvu/185

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mauvaise opinion de la musicienne, pour ne retenir que le charme passé et mélancolique, dans lequel, la première fois, elle lui était apparue.

Le lendemain matin, à peine reposé du voyage, il frappait à l’heure ordinaire à la porte de l’écrivain.

« Ah ! c’est vous, Aubépine, lui cria-t-il du cabinet de toilette, entrez par ici. Je suis enchanté de vous voir revenu, et je vous attendais impatiemment ; venez vous asseoir près de moi, vous ne me dérangez pas le moins du monde. »

Et Frédéric, en entrant dans une atmosphère de vanille, de menthe, de vinaigres odoriférants pour frictions, de flacons débouchés de dentifrices aux parfums sauvages et violents, trouva un homme assis sur un pouf, roulé dans un peignoir, les cheveux blonds et rares, humides et frisottant encore du schampoing, et se frottant les ongles à la ponce.

« Vous me manquiez, cher ami, lui dit-il avec une nuance d’affection qui toucha Frédéric et le gêna en même temps. Mettez-vous là, près de moi, et racontez-moi votre voyage. Positivement je me suis ennuyé de vous. »

Et il lui tendit sa main gauche qui était finie, blanchie au vinaigre, grattée au cure-ongle, brossée à la soie.