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Page:Yver - La Bergerie.djvu/208

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braves gens sont morts et le sont bien, et pour vous, vous ne me semblez pas avoir hérité de leur passion de la terre, ni être fait pour aller, de gaîté de cœur, vous ensevelir dans ce hameau. »

Les prunelles sans relief et sans feu se fixèrent à celles de Frédéric, sa longue main blanche, lissant son bandeau noir, faisait comme le geste de lever un rideau de mystère sur la pensée de son front. Ménessier, les bras en l’air, déployant les formes flottantes et féminines de son habit à la Musset, faisait commencer le chœur des Parisiennes. Ces dames, en chapeau, balançant, entre leurs mains gantées, le papier bruissant de leur musique, chantaient en trois parties où dominait le contralto de la plus vieille. L’orchestre ne les soutenait pas ; l’air bizarre simulait tantôt des éclats de rire, tantôt des langueurs, ou des tendresses, ou des sanglots. Frédéric murmura dans une sorte de religion :

« J’aime Paris !

Sans doute, reprit Lydie avec la douceur de son timbre ingénu, vous avez goûté le charme des champs. Quittant la ville, vous aviez, en arrivant au grand air, une volupté de neurasthénique, et vous avez pris cette impression au sérieux. Rien n’est exquis comme une villégiature ; mais autre chose est la vie du laboureur. »