Page:Yver - La Bergerie.djvu/214

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sévère. Aux entr’actes, auditoire et exécutants fusionnèrent.

Au dernier accord de la symphonie parisienne, Beaudry-Rogeas, ivre d’enthousiasme, se leva et, devant tout le monde, embrassa Ménessier. Ce fut le signal d’une ovation au jeune maître. Lui riait et faisait des gestes impuissants devant ce tonnerre d’applaudissements. Bientôt, et ce fut le coup de théâtre, il aperçut Frédéric. Alors, ôtant de sa poche un numéro de la Revue Noire, ce périodique très avancé des jeunes, il l’ouvrit à cet article paru l’avant-veille, intitulé : « La Psychologie de Ménessier » et signé : « F. Aubépine. » C’était une cachoterie du jeune secrétaire, il avait écrit ce morceau de début sans en rien dire à personne ; il l’avait clandestinement porté à la rédaction de la Revue où l’article avait séduit par son idée et par sa forme, et on l’avait publié au plus vite. C’était une apologie de Ménessier, très travaillée, comme un premier essai. L’anarchie de Chapenel y flottait en contours vagues, ce qui n’était pas pour déplaire à ces messieurs de la Revue Noire, et l’on y sentait, à certains détails, quelqu’un approchant de très près le compositeur, un ami très intime, Au surplus, âme de Ménessier, comme par hasard, en instantané, avait été vraiment, subtilement Saisie et fixée par Frédéric. Lui-même s’a-