Page:Yver - La Bergerie.djvu/222

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Il y avait dans cette lettre une forte dose de vérité. Beaudry-Rogeas pouvait effectivement si peu se passer de son jeune secrétaire, qu’il projetait déjà de l’emmener, pour les vacances, dans la terre de Mme Beaudry-Rogeas mère. Quant aux curiosités de Frédéric touchant l’exploitation, elles étaient plus que suffisamment rassasiés par Chapenel, qui s’était découvert depuis quelque temps une fantaisie tardive vers l’agriculture.

« L’agriculture, mon cher ami, répétait-il en regardant Frédéric en face, magnétiquement, mais il n’y a que cela ! »

Et quand, dans ses promenades, il allait flâner sur les quais, il en rapportait toujours quelque livre comme l’Almanach du Laboureur, où il prétendait s’amuser énormément à découvrir les mystères qui relient les destinées de la terre, ses fécondes et secrètes énergies, aux agissements ignorés de la lune, cet astre éteint. Il y avait, entre la germination des carottes et l’influence des pâles nuits lunaires, une incompréhensible corrélation, bien faite, semblait-il, pour satisfaire sa passion de l’étrange ; et souvent Frédéric, troublé, devait entendre d’excitantes dissertations d’une ou deux heures, sur la psychologie poétique des agricoles. Il s’en réveillait plus incertain, plus ravagé, et Lydie venait alors orienter sa pensée en désarroi, en lui disant