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Page:Yver - La Bergerie.djvu/223

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cette phrase de bonne camaraderie, si naturelle et si limpide, qu’elle ne se cachait pas même de l’austère Chapenel pour la prononcer : « Voyons, mon pauvre monsieur Frédéric, vous savez bien que tout cela est très joli, en théorie ! La volupté de créer des moissons, pensez donc ! Mais songez à l’assommante pratique que ce doit être ! J’espère bien que vous ne nous quitterez pas ! »

Une fois, énigme qui resta incompréhensible pour lui, Mme Beaudry-Rogeas, qui traversait, pour sortir avec Chapenel, le hall ténébreux d’en bas, où l’on ignorait la présence du secrétaire, murmurait d’une voix vibrante de chagrin :

« Ce jeune homme ingénu et ardent se fie à moi pour tout, èt le secret de votre vie, vous me le dérobez ! »

I] n’osa pas faire un mouvement, et la vits’en aller grande et onduleuse, dans son vêtement serré, pareil à l’étui de satin d’une chose précieuse, près de Chapenel silencieux. Elle avait dit : « Ce jeune homme ingénu et ardent. » C’était lui qu’elle nommait là, et il resta plongé en d’insondables perplexités. Pourquoi n’était-il pour elle que le jeune homme ingénu dont on accepte légèrement les confidences, alors que du peintre elle disait, d’un ton si particulier : « Et vous ! »

Le lendemain, il chercha tout le jour l’occa-