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Page:Yver - La Bergerie.djvu/232

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plaindre de moi ? Est-ce que je vous ai jamais voulu du mal ? Est-ce que j’ai jamais rien fait qui pôt entraver votre carrière, moi On le dirait à vous entendre. Vous me traitez comme on traite un mauvais patron, un ennemi !

— Maître, supplia Frédéric, vous savez bien.

— Qu’est-ce que je sais bien ? Que vous avez pour moi le plus entier dévouement peut-être, lorsque à l’heure où vous m’êtes le plus utile, vous vous éclipsez ? Vous êtes devenu pour moi plus qu’un secrétaire, Frédéric ; je vous traitais, il me semble, en ami ; c’est en effet ce que vous étiez à mes yeux. Votre avenir se dessinait déjà joliment ; j’y aurais contribué de tout mon pouvoir. »

Frédéric sentait s’alourdir les chaînes de reconnaissance, de devoir qui le liaient à cet homme. Il éprouvait à son tour comme un attachement tardif envers lui ; il se rappelait sa camaraderie, sa confiance, une sorte de sollicitude du millionnaire sur lui, qui l’avait enveloppé à son insu. Il comprit et pesa la vraie difficulté de cet acte : partir. Il murmura :

« Je suis fiancé là-bas… »

Le mot porta comme il s’y attendait. Beaudry-Rogeas fut frappé, se troubla et changea. Subitement il s’adoucit :

« Vous êtes fiancé, vous, à Parisy ? Vous ne m’aviez pas dit…