Page:Yver - La Bergerie.djvu/244

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« Vous serez ma petite épouse chérie. Nos deux vies sont liées, nous ne nous quitterons plus. Je ne vous causerai jamais l’ombre d’un chagrin. Oh ! chérie ! chère petite bien-aimée ! vous n’aurez jamais plus peur de rien quand je serai là, vous serez la plus heureuse, vous entendez, la plus heureuse, la plus fêtée, la plus aimée.

— Rentrons, disait mollement Camille.

— Vous êtes la petite fée de la terre ; c’est en vous que j’aimerai le sol, sa culture, sa vie, Vous êtes ma petite bergère que j’adore.

— Rentrons, Frédéric », répétait Camille dans une frayeur légère et délicieuse.

Il lui prit le bras ; ils allèrent à pas très lents ; et quand ils eurent gagné le parc, ils s’y attardèrent encore au lieu de rentrer. Ce fut grand et presque solennel. Frédéric, serrant contre lui sa petite fiancée, revenait s’approprier le domaine de ses pères ; confusément, il s’y enracinait, il sentait sa vie se fondre avec celle de ses ancêtres, dans une solidarité logique et satisfaisante. Autour de lui, les arbres familiaux faisaient la chaîne. Entre les troncs, comme un grand lac de lune, s’apercevait au loin la plaine plate, ouatée de buées cotonneuses ; cette terre endormie à qui le jeune maître arracherait bientôt ses trésors, cette terre morte qu’il réveillerait sous la caresse dure de la charrue.