Page:Yver - La Bergerie.djvu/251

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qui flottaient au sud. Il embrassait d’un coup d’œil l’étendue vive et immobile des blés, et se sentait si impuissant devant le danger de dévastation suspendu sur ces richesses, qu’il en avait un serrement de cœur.

M. de Marcy consultait les baromètres, la direction des vents ; il épiait le temps dans les instruments, dans le ciel, dans l’eau des mares qui bout deux fois par jour, disent les paysans ; il étudiait le gloussement des poules, le moiré des champs de sainfoin sous la brise, la poudre du sol ; il s’adressait encore aux frondaisons des arbres ; non pas à la palme lourde des marronniers, mais à la feuille sans poids du peuplier ou du tremble, dont les dessous d’argent se soulèvent au moindre souffle ; il suivait le vol haut des hirondelles, la fuite noire des merles sous les taillis, à fleur de terre. Frédéric l’accompagnait, admirant ces intelligences de laboureur vers les mystérieux parlers de la nature, cette entente des secrets avertissements qu’elle chuchote avant ses grandes colères.

« Nous aurons de l’orage ; il ne faut rien commencer encore », murmurait de Marcy.

Laure, au piano, déchiffrait des sonates, ou disposait des roses avec des fleurs de phlox dans les jardinières de son château. Elle était, dès huit heures du matin, coiffée et habillée ; elle portait des jupes sombres, égayées de cor-