Page:Yver - La Bergerie.djvu/252

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sages clairs en simple toile, tels qu’en mettent en ville les filles du peuple. Elle y était distinguée et embellie ; son mari paraissait la chérir chaque jour davantage ; dès que Frédéric les laissait seuls, on les sentait prêts à s’étreindre, à se dévorer l’un l’autre de baisers.

L’orage éclata un soir, comme ils étaient à table. M. de Marcy demeura impassible et fuma sa pipe selon sa coutume. Frédéric s’en étonna. Il était dix fois plus agité que lui, et parlait de sortir pour se rendre compte, malgré les ténèbres, des dégâts. Son parent le rassura. « Le tonnerre est bon, lui dit-il sans plus d’éclat. — Vous connaissez jusqu’au parler des dieux ! » retourna Frédéric qui s’émerveillait. Et il écouta le fracas mêlé de l’averse et de la foudre, sans discerner de son oreille de citadin que les rafales venues du sud roulant les nuages, l’orage s’en allait à la mer, lançant ses grondements déjà du nord-ouest.

Le lendemain, à quatre heures pourtant, M. de Marcy était aux champs. Frédéric le suivait. Les récoltes fatiguées retombaient sur elles-mêmes en lourdes touffes de paille mouillée ; la pluie les avait roulées et froissées. Le Parisien en veston clair, transi dans la fraîcheur matinale et qui se recroquevillait dans l’abri de son haut faux-col, se désola tout haut :

« Quel désastre ! mon pauvre cousin », murmurait-il.