Page:Yver - La Bergerie.djvu/253

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Pris d’un poétique chagrin devant cette ruine d’une chose sacrée, il aurait pleuré, pleuré des larmes de rhétorique, pareilles à celles que faisait verser Gado.

De Marcy hocha la tête en souriant :

« Ce n’est rien, dit-il, tout va bien. »

Et il releva le visage, observa le ciel, les nuages, les girouettes, le passage des corbeaux ; il compta sur ses doigts les jours de la lunaison et dit :

« Après-demain il fera beau ; nous commencerons dans trois jours. »

Ces petits drames remplissaient la vie de Frédéric avec l’amour qui l’inondait. Il se faisait une âme docile, moulée sur l’âme douce et forte du bon de Marcy. De grandes préoccupations philosophiques peuplaient l’esprit de cet homme simple dont il ne faisait nulle montre. Frédéric, coutumier des idées philosophiques parisiennes qu’on puise chaque matin, une cigarette aux lèvres, dans l’article humoristique, frémissant de neurasthénie, de son journal quotidien, s’étonna de trouver en causant ce fond tranquille et profond, réfléchi et scientifique, de sociologie dans le gentilhomme fermier qui, en dépit des machines nouvelles, faisait couper le blé à bras pour occuper pendant l’août les indigents des villes. Il poursuivait ce rêve d’acquérir un jour la région entière et d’y essayer ce système