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Page:Yver - La Bergerie.djvu/257

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de Marcy comme un triomphe d’avoir vaincu les intempéries, d’avoir élevé dans les champs rasés ces architectures riches et vives, ces dômes d’or géants du blé coupé. Un repos apparent, car le cultivateur ne se repose point, semblait suivre. Les deux jeunes hommes faisaient dans la campagne des courses à cheval. Quand Frédéric revenait grisé de grand air, et qu’il sautait de sa bête devant Laure, serré dans son costume boulevardier, botté de jaune comme quelqu’un qui revient du Bois, la jeune femme le regardait avec un semblant d’ironie. Elle trouvait un peu d’affectation dans cette manière de se vêtir aux champs. Jamais elle n’était plus contente, plus amusée, que les jours de pluie où il rentrait, ses vêtements légers mouillés jusqu’aux doublures, son canotier britannique déformé par les ondées de l’automne, son faux-col écroulé sur sa cravate élégante de brocart vert, et qu’il devait emprunter à de Marcy ses paletots chauds de velours pour se remettre. Peu à peu, il abandonna ce raffinement excessif dans sa mise. On le vit même un jour en blouse, aider le garçon d’écurie à charger du fumier sur la charrette. Avant que vint le temps de remuer la terre, son professeur lui mit un matin entre les mains un cheval de labour, et les conduisit, tous les deux, la bête et l’homme, avec la charrue, d’un bout du champ à l’autre, en ces