Page:Yver - La Bergerie.djvu/266

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

longues heures de suite, travaillait et peinait comme un valet chez les de Marcy ; les plus dures besognes l’attiraient, et il allait encore à pied à la Bergerie, où il paraissait à Camille distrait et absent, après quoi, des heures durant, devant sa glace, elle s’étudiait à faire, de la grosse corde d’or de ses cheveux tordus, des chignons savants, pareils à ceux des images.

Un soir, elle lui montrait un achat de mode fait à Saint-Lô et qu’enroulait un journal. Il se précipita, non pas vers les chiffons, mais vers le journal de Paris, de fraîche date, qu’il parcourut des yeux. Outre le Messager de l’Agriculture, M. de Marcy lisait souvent le Petit Journal — pour les nouvelles, disait-il, — et le Mercure du Cotentin, que subventionnait le conseiller d’arrondissement d’Aigremont ; mais comme il avait de longues soirées

pour la lecture, il trouvait mieux de prendre un livre qu’un journal. Ce fut pour Frédéric comme un coin de patrie pour un nostalgique. I] saisit le papier avec une sorte de passion après l’avoir regardé à la volée. Il en dévora les articles, les colonnes, les informations, jusqu’aux annonces ; les adresses de commerçants, en faisant passer sous ses yeux le nom des rues parisiennes, évoquaient autour de lui comme une atmosphère béatifique, lui donnaient l’impression d’être lui-