Page:Yver - La Bergerie.djvu/273

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elle comme un oiseau pris. Elle lui saisit la main, la pressa doucement, lui souhaita la bienvenue de sa voix douce, de toute sa personne douce, enveloppante, prenante, et il souhaitait désespérément de s’en aller, de fuir, de ne plus connaître cet envoûtement mauvais qu’elle exerçait sur lui, sans parler, rien que par sa seule proximité.

D’abord, le travail l’accapara. Le consciencieux Beaudry-Rogeas prenait au sérieux son rôle de démêler, à travers l’Histoire des peuples, le nœud central de l’Europe. L’Empire de Charlemagne existait toujours idéalement, prétendait-il. Et il le prouvait. La force matérielle avait d’abord tenté l’agglomération en un organisme de tous les éléments, puis, cette force, cédé sous l’autre mouvement contraire d’expansion personnelle des races.

Frédéric alors soufflait :

« Il y eut la Chrétienté du moyen âge qui fut l’agglomération morale.

— Ah ! oui, la Chrétienté ! C’est très vrai, mais mon cher, l’ennui, c’est que cela nous mettrait un tas de curés et de moines en jeu. J’en ai parlé à Chapenel, il m’a dit : « Au point de vue historique, la Chrétienté n’est pas intéressante. » Et en effet.

— De ce que la Chrétienté n’intéresse pas M. Chapenel, reprenait Frédéric, on ne peut pas nier qu’elle fut. »