Page:Yver - La Bergerie.djvu/62

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IV

La permission finie, Rouen et la caserne l’avaient repris. Il connut de nouveau le clairon qui, le matin, vous fait sursauter en plein sommeil ; les cascades du lavabo, la chère lourde et grasse du réfectoire, l’exercice matinal au Boulingrin, les marches de nuit, silencieuses, muettes, mornes, par les pentes du mont Gargan ; puis ce furent les manœuvres, les étapes où l’existence se réduit à des kilomètres franchis, s’y mesure, s’y endort dans l’excès de lassitude ; les dîners de pommes vertes, aux champs, les nuits dans la paille.

Mais la Bergerie avait réveillé en lui un être nouveau. Il cessa de mépriser la vie parce qu’un de ses attraits l’avait séduit ; le sens fâcheux qu’il en avait se déplaça seulement, et il continua de nourrir ses rêves tristes par cette pensée que la vie a son bon côté, mais qu’il n’en jouirait pas.