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Page:Yver - La Bergerie.djvu/71

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une série de visites, des salons étroits ou grands, riches ou froids et nus, où la petite dame à mantelet et à robe de soie puce conduisait ce grand garçon silencieux qui se crispait d’orgueil à chaque demande déclinée. On commençait à voir que les portes ne s’ouvraient pas d’elles-mêmes devant le jeune marquis.

Paris, qui avait tout d’abord paru à Mlle d’Aubépine fort petit et resserré, lui semblait s’allonger, s’étendre en des limites obscures, se perdre jusqu’en des espaces inconnus ; tant de courses furent interminables ! tant d’adresses introuvables ! tant de profondeurs heureuses et alléchantes, inaccessibles ! Elle se vit si inconnue, si perdue, si petite, que la ville grandit soudain, se démesura, elle eut peur…

Frédéric aurait pleuré, moins de l’insuccès des démarches faites que du rôle de solliciteuse infligé à l’amour-propre de châtelaine et de femme que devait connaître la bonne tante. Il souffrait pour elle. Quand il lui voyait perdre cette hauteur naturelle et légère qui lui seyait tant, pour dire de ce ton humble et particulier qu’il faut prendre : « Monsieur, permettez-moi de vous présenter mon neveu qui voudrait obtenir… etc. », il avait envie de crier au donneur de places : « Mais, restez donc debout et baisez-lui la main ; vous ne voyez donc pas que c’est une grande dame !… »

M. le marquis Frédéric d’Aubépine, après