Page:Yver - La Bergerie.djvu/72

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trois semaines de laborieuses recherches, échoua en qualité de secrétaire chez M. Beaudry-Rogeas, homme de lettres amateur, qui logeait dans un hôtel de la plaine Monceau.

M. Beaudry-Rogeas, jeune encore, s’était enrichi en quelques années dans le commerce des vins que pratiquait son père, et ne s’occupait plus désormais que d’art et de littérature. Tels étaient les renseignements recueillis par les Aubépine avant la présentation.

Celle-ci les enchanta. Au rez-de-chaussée, un valet de chambre les introduisit d’abord dans un grand hall sombre, brun depuis l’éclat de bois ciré du parquet jusqu’aux lambris, jusqu’aux rideaux de laine des fenêtres plombées, jusqu’aux meubles de vieux chêne, masses sculptées, indistinctes, dans la demi-obscurité du lieu. C’était un brun foncé presque noir, et çà et là émergeait de ce noir la draperie neigeuse d’un marbre, la silhouette fine et vive d’un nu, découpant la hardiesse de sa blancheur crue sur cette nuit.

Le jour venait d’en haut, par la cage profonde, lointaine, d’un escalier de bois travaillé, à double révolution, qui semblait plonger, s’enfuir en de lents méandres dans les altitudes magiques d’un palais. Ce fut par cet escalier que les deux solliciteurs intimidés virent descendre le laquais qui apportait leur sentence. On les priait de monter.