Page:Yver - La Bergerie.djvu/78

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les draps pendants. Une robe d’homme en bure chaude, couleur d’ivoire, était retombée en plis mous sur le tapis gris perle ; des babouches brodées étaient perdues aux deux coins de la grande pièce. À cheval sur la pendule d’art, masquant le vieil or, un faux-col auquel pendait encore la cravate blanche ; sur une chaise de damas grisaille, des bretelles. Une porte ouverte laissait voir les flacons armés d’argent ; des étagères de marbre, de larges vasques blanches, des robinets ciselés : le cabinet de toilette. M. Beaudry-Rogeas, le pantalon serrant aux reins une chemise de soie flottante, dont il se nouait au cou la cordelière, arrivait les cheveux humides, les yeux gonflés, grelottant encore de la douche. Il tendit la main.

« Vous êtes gentil d’arriver de bonne heure ; ça me plaît. Je suis toujours un brin commerçant, grand amateur d’exactitude ; ces choses-là restent indélébiles même chez l’artiste. Et puis, il est bon que vous me voyiez dans l’intimité, M. d’Aubépine. »

Frédéric trouvait charmant cet accueil matinal et sans façon ; il estima d’un très bon genre qu’un homme de valeur se montrât si aisément à demi-lavé, et vêtu sommairement. Cette impression l’incita à répondre avec une aise réciproque.

« Je vous dirai, mon cher maître, que j’ai cru mieux de supprimer mon titre de marquis.