Page:Yver - La Bergerie.djvu/80

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physique de M. Beaudry-Rogeas. Le prestige du faste qui l’entourait, et qu’il devait moins à la popularité de ses œuvres qu’à celle de ses vins, avait servi de plate-forme à sa carrière parisienne d’écrivain. Son cabinet de travail, qui était une merveille, avait fait de lui quelqu’un avant qu’il n’y eût écrit sa première ligne.

« Maintenant que vous connaissez l’homme, dit-il à Frédéric — et l’on sentait, quoiqu’il eût dit, une certaine satisfaction chez lui à commander ce jeune marquis qui l’appelait « Maître » — maintenant que vous connaissez l’homme, il faut vous présenter l’auteur. Voulez-vous lire cette nouvelle, ma dernière ? »

Et il lui tendit une plaquette blanche et or, décorée avec goût, qui portait le titre : Dona Pia. C’était un souvenir d’Italie. M. Beaudry-Rogeas, qui paraissait grand causeur, fit, pendant le temps de la lecture, un profond silence. À pas de loup, il retourna au cabinet de toilette où il continua sans bruit ses exercices musculaires. À peine entendait-on le rythme régulier de sa pantoufle quand le pied s’allongeait, tirait la jambe, tendait le muscle, ou le déploiement cadencé des bras s’ouvrant, développant par force les tendons élastiques du membre… On eût deviné des poses d’hercules, des gestes d’athlètes. Frédéric s’absorbait dans Dona