Page:Yver - La Bergerie.djvu/98

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grands hommes ; M. Beaudry-Rogeas est un grand homme, ou un homme de grand talent, comme vous voudrez.

— Non ! »

Et Frédéric commençait à sentir sur lui le regard insupportable de cet homme brun, velu, presque fauve, ces deux yeux noirs férocement intelligents d’animal humain, brillants dans les pommettes rouges. Il comprit une telle puissance dans cet être, que désespérément il abandonna toutes ses idées, comme un oiseau fasciné par une bête de proie, et qui se sent vaincu avant la lutte.

— « M. Beaudry-Rogeas a du talent, insistait-il, toutes ses pensées en désarroi déjà.

— Vous n’avez jamais lu ses œuvres, alors ?

— J’ai lu Dona Pia. »

Il ne parlait plus qu’à mi-voix.

« Dona Pia ! Dona Pia ! La belle affaire. Si je ne lui en avais pas coupé les quatre cinquièmes, ç’aurait été triste ! Le sujet était malpropre et peu intéressant. Qu’est-ce que cela peut nous faire à nous, ce qui se passait dans la chambre à coucher de cette noble courtisane, et si elle trompa trois hommes dans la forme du même ? Ces choses-là ne se racontent pas. Voilà du reste assez longtemps qu’on met en littérature l’Art au service de l’Amour. Il serait temps de commencer à trouver autre chose. »