Page:Yver - Le Fils d Ugolin.djvu/21

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battait éperdument des ailes vers un idéal encore mal défini, c’était un équilibre de race, une profonde sagesse intérieure ennemie de toute intempérance d’idées qui luttait contre la dangereuse fantaisie.

Parfois les soirs d’été, au crépuscule, il se mettait à sa fenêtre et se nourrissait des visions de sa cathédrale. Tous ces arcs brisés de l’ogive se surmontant les uns les autres, s’épaulant pour se hausser aux fines pointes des pinacles, lui étaient un excitant singulier et comme une leçon de psychologie. En ex-voto il peignit plusieurs intérieurs de cette architecture géante, notamment un soir, au déclin d’une belle journée d’été, à l’heure où le soleil couchant, traversant de ses traits la rose du portail, en reportait les couleurs sur les massifs piliers du chœur et jusqu’au fond de l’abside. Cette fois, M. Le Guirec fut saisi d’enthousiasme. Il exposa les toiles et les vendit trois cents francs l’une.

C’était à un marchand parisien qui avait dit, à ce qu’il paraît : « Il devrait venir à la capitale, ce jeune homme. » Le Guirec répéta le propos chez les Arbrissel. La famille poussa de longs soupirs.

Il n’y avait pas deux ans que cette bonne affaire avait été conclue, que le marchand parisien, en 1865, revint et se présenta chez le notaire : « J’achète votre atelier entier, jeune homme, dit-il à Hyacinthe, mais à la condition que vous veniez à Paris et que vous vous adressiez à moi pour la vente de vos toiles. — Mon fils a-t-il donc plus que du talent ? du… du… génie ? s’écria le notaire Léon Arbrissel, partagé entre