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XVI

Au mois de septembre de cette année 1899 où le procès Dreyfus avait été revisé, où la conférence de la Paix s’était tenue en mai à La Haye pour le règlement pacifique des conflits internationaux, où l’on sentait comme un mouvement désespéré des hommes de bonne volonté vers une condition meilleure des peuples recrus de guerres, dans un taillis du bois de Kerzambuc Pierre Arbrissel et Antoinette de Penven cheminaient l’un près de l’autre à petits pas. Pierre, qui, bien que toujours frêle et un peu languissant, était de haute taille, se penchait vers la petite Bretonne courtaude pour lui confier des choses qu’il ne convenait pas de publier à haute voix, même dans cette solitude : dentelles, voiles d’un vert d’émeraude où commençait à peine pour les oiseaux l’agitation du crépuscule.

— … Elle, disait-il lentement, cherchant ses mots, c’était une fille mystérieuse. Dans son maintien, dans toutes ses attitudes, elle avait l’air de rassembler et de mettre en lieu sûr des secrets. Quand on cherche l’âme chez une femme