Page:Yver - Le Fils d Ugolin.djvu/42

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de reflets à cause de mille plissements, se laissait embrasser et caresser par un satin de broché vert d’une acidité que ne tempérait aucun mouvement de l’étoffe. L’étude fut terminée pour le Salon de 1872. Ce fut une de ses toiles les plus curieuses où les amateurs des jeux de la couleur purent prendre leurs délices. C’était aussi l’année où Edouard Manet exposait chez Durand-Ruel son premier essai de plein air, intitulé : Le Jardin. Par souci exagéré de la comparaison, les critiques essayèrent d’opposer l’un à l’autre les deux tableaux : l’un tout animé du mouvement des personnages, l’autre appelé par eux : Le Rouge qui bouge de M. Arbrissel. Certains allèrent jusqu’à dire que cette toile, des deux, était la plus vivante. Une Américaine acheta La Boutique du marchand de tapis pour vingt-cinq dollars. Mais de ce succès le peintre ne sentit guère le goût. Une seconde petite fille, qui lui naquit, mourut comme la première, à sa naissance. Mme Arbrissel à ce nouveau coup éprouva comme le poids d’une malédiction divine dont sa candide conscience ne pouvait percevoir les causes. Si jeune qu’elle fût, elle glissa non seulement sans lutte, mais avec une sorte de délectation consolatrice à un désespoir funèbre que l’amour d’Hyacinthe offensait au lieu de l’adoucir. Celui-ci travaillait à ce moment à sa grande étude de nu qui le rapprocha sensiblement de Claude Monet : ses Deux Nymphes à la Fontaine, avec l’un des plus beaux modèles de Paris, Cloclo, dont les lignes et la chair laiteuse rappelaient La Source de M. Ingres. Il se jeta dans l’étude de ce corps charmant comme à une