Page:Yver - Le Fils d Ugolin.djvu/63

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l’Époux qui s’avançait vers lui, lentement, pas à pas. Les retardements de l’instruction dernière avant le moment vers lequel il soupirait, défaillant de désir, lui furent insupportables. Il n’écouta cet ultime sermon qu’en esprit de pénitence, sachant qu’user de patience dans un tel instant était encore preuve d’amour pour Celui qui approchait. Enfin un signal mit soudain debout les communiants. Son nom le plaça en tête du touchant défilé. Il allait le premier, les bras croisés, la tête inclinée comme sous le poids de sa noire chevelure crêpelée. L’orgue s’était tu. Jamais nul « meurt-de-faim » des grands chemins n’a béé vers-le pain chaud du fournil comme cet enfant vers cette nourriture mystérieuse. « Ecce Agnus Dei ! » disait le célébrant. Et Hyacinthe Arbrissel vit la Sainte Hostie déposée sur les lèvres de son enfant angélique qui, revenu à sa place, s’effondrait dans une sorte d’extase.

Un pli caché sous sa barbe abondante contracta tout le visage du grand peintre. Il avait les larmes aux cils. « Est-ce que je serais jaloux du Christ ? » se demanda-t-il…