Aller au contenu

Page:Yver - Le Fils d Ugolin.djvu/62

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ton saint repas que par la douceur tu as préparé pour le pauvre. Ô Dieu ! être sans toi, je ne Le puis ! »

En ces heures-là, une page des Évangiles le faisait défaillir, car il comprenait tout à coup, lui qui n’y avait jamais réfléchi, le prix que vaut l’enseignement du Christ directement enregistré dans ce livre. Aucun doute ne trouvait asile dans ce cerveau enfantin directement illuminé, Il ne croyait pas : il voyait. Et il suffoquait d’un excès d’allégresse. Dès le premier jour de la retraite, il pénétra dans ces jardins mystérieux de l’âme dont il ne devait plus se distraire désormais, sans se croire en exil. Dès le second jour, le Père prédicateur s’informa près du surveillant de ce petit garçon aux boucles noires qui avait des yeux d’ange. Il lui fut répondu que c’était le fils du grand peintre Arbrissel, ce qui augmenta encore l’intérêt éveillé par l’enfant. Ce bon Dominicain devait avouer beaucoup plus tard qu’à partir de ce deuxième jour, ses sermons avaient été presque entièrement destinés au petit garçon céleste qui absorbait sa parole comme une terre altérée la douce et pénétrante pluie de mai.

Enfin se leva le matin sacré. Comme le veut l’usage, on avait réservé des places à la chapelle pour les parents. M. et Mme Arbrissel, alphabétiquement, se trouvèrent au premier rang. Ils adressèrent des signes discrets à leur enfant, comme l’eût fait n’importe qui ; mais leur enfant avait d’autre souci que de les reconnaître. Son âme n’était attentive qu’à percevoir la voix de