Page:Yver - Le Fils d Ugolin.djvu/74

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qui arrive à la connaissance, et je te sens de la même étoffe que moi.

— Est-ce vrai ? interrogeait l’enfant tout pantelant ; est-ce vrai ? Tu as dit : « de la même étoffe que toi ? » moi un cancre, incapable de décrocher un pauvre bachot ?

— Laisse donc cette négligeable question de hasard qu’est un examen. Tu te présentes de nouveau en octobre et tout est réparé. Moi, je ne te juge pas d’après cet échec. Tu ne vaux ni plus ni moins pour autant à mes yeux. Mais que dis-je là ! Je me trompe. Écoute-moi, mon fils et mon ami, tu vaux davantage, car en pleine déroute, tu es arrivé droit à moi comme une flèche à son but. Tu es venu ici te recharger en forces pour ta première traverse de petit garçon gâté. Tu as bien fait. Des traverses, tu en rencontreras d’autres sur ton chemin où tu buteras plus d’un coup. Mais ton vieil ami de père te promet d’être là pour te donner une salutaire bourrade qui te remette d’aplomb sur tes pieds. Tiens ! voici que tu ris. Je te disais bien qu’il ne fallait pas se laisser vaincre ! Va dire à ta nourrice de mettre une bouteille de beaujolais sur la table ce soir !

Pierre demeura muet sous l’action de cette parole toute-puissante qui pacifiait ses remous intérieurs. Il n’était pas consolé de son insuccès, mais le magicien avait eu l’instinct d’en minimiser l’humiliation par la manière légère dont il le prenait. Par contre, du même coup, Hyacinthe avait foncé à toute volée sur cette âme pantelante d’adolescent désespéré qui ne demandait qu’à se laisser captiver par plus fort que lui. Ce grand homme par sa magie