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Page:Yver - Le Fils d Ugolin.djvu/76

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VI

À la session d’automne du baccalauréat, Pierre Arbrissel fut reçu avec mention. Mais du sursaut de plaisir que lui apporta ce succès son père ne sembla recevoir aucun remous. L’immense toile des Géants même, que le fils du vieux Bonassy dut venir faire encadrer sur place à cause de ses dimensions, Hyacinthe n’y jetait plus les yeux, pris, happé bien étrangement par un portrait de jeune femme dont il disait à table que nulle de ses œuvres ne lui avait coûté une telle recherche de vision. Devant elle, il se sentait obsédé par la Joconde et il lui semblait ridicule, à lui Arbrissel, de pasticher un Maître. En fait, il s’agissait de la jeune princesse de la Lande-Posay, la plus mondaine des Parisiennes et de la plus haute qualité.

Hyacinthe Arbrissel avait quarante-sept ans et contemplait deux à trois heures par jour dans un tête-à-tête mystérieux cette charmante créature, en même temps bavarde et indéchiffrable, qui devait livrer, dans cet assaut sournois qu’est l’étude d’un visage humain par un peintre, tous