Page:Yver - Le Metier du roi.djvu/110

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

— Il faudra beaucoup aimer cette chère Bénouville. Elle est venue de France autrefois pour élever papa, elle l’a entouré de soins comme elle le fait pour moi-même aujourd’hui. Il dit que c’est le plus grand cœur de femme qu’il connaisse.

— Je l’ai déjà jugée, dit Clara, elle est bonne. Mais la vieille dame revenait, chargée de volumes classiques.

Nous commencerons par le plus élémentaire, dit Clara, celui-ci.

— Je l’ai lu, dit Wanda.

— Bon, c’est une excellente assise pour nos leçons : nous passerons au second.

— Je l’ai lu aussi.

— Parfait, dit Clara, surprise. Voici une chimie anglaise un peu abstraite. Lisez-vous. l’anglais, Altesse ?

— Mais oui, et j’ai aussi beaucoup étudié ce livre-là.

— Que suis-je venue faire ici ? dit alors gaiement l’académicienne. Madame de Bénouville a raison, Votre Altesse sait tout.

— Hé ! À quoi voulez-vous que j’aie passé ma jeunesse, murée comme je l’étais par les maladies et par… les circonstances ? Quand j’étais petite, je sortais souvent avec Bénouville, j’allais dans les magasins d’Oldsburg, dans les bazars : quelquefois, dans la rue, les gens me regardaient drôlement. Un jour, on m’a reconnue : je traversais un jardin public, plein d’enfants de mon âge,