Page:Yver - Le Metier du roi.djvu/109

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jamais. Mademoiselle arrive et elle y va. C’est que la reine a une fière envie de plaire à mademoiselle. Et pour mademoiselle qui n’aime pas l’étiquette, ce sera bien agréable, car la réception se fait sans aucune cérémonie ; on est à peine quinze ou dix-huit ; souvent des personnes de la ville, des professeurs comme mademoiselle ou des artistes, quelquefois les dames des hauts dignitaires, celles qui trouvent Sa Majesté trop sans-gêne…

Clara se surprit à éprouver de cette invitation un plaisir extrême. Sa curiosité mal satisfaite depuis qu’elle était au palais allait donc se contenter ; elle verrait Wolfran, elle le jaugerait, elle le pénétrerait. N’était-ce point, pour la libertaire qu’elle était, une faveur exceptionnelle que de pouvoir asseoir ses opinions sur un examen aussi minutieux ? Quelle supériorité cette connaissance intime du souverain lui donnerait sur ses frères et quelle conception lucide elle prendrait de la révolution au sein même du principe politique à détruire !

À la nuit, l’archiduchesse la manda pour un choix de livres de science. Madame Bénouville lui dit :

— Vous allez connaître Sa Majesté, vous verrez comme elle est charmante. Chère mademoiselle Hersberg, vous serez subjuguée, subjuguée…

Clara sourit sans répondre. Et comme la vieille dame trottinait à la recherche des livres, la petite Altesse dit à la savante :