Page:Yver - Le Metier du roi.djvu/118

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journée, vraiment, c’est impossible de causer, on n’a pas le temps.

Et avec une ostentation de laisser-aller qui visait évidemment les trois personnes cérémonieuses rigidement assises devant la croisée, elle ajouta en riant :

— La maison est lourde, vous savez !

— Sa Majesté n’ajoute pas qu’elle est la première maîtresse de maison du royaume, lança étourdiment madame Czerbich.

Clara répondit, très déroutée :

— Moi, je suis heureuse de dire à la mère de mon élève la véritable admiration que j’ai conçue pour ce jeune esprit.

— N’est-ce pas que Wanda est exquise ? Ma foi, une archiduchesse n’est pas nécessairement une sotte !

— Oh ! qui pense cela ? protesta Clara.

La prime-sautière Gemma fit un geste vague et malicieux.

— Que sais-je…, nos adversaires, je suppose. Nous pouvons bien l’avouer, ici, entre nous…

Gemma n’avait pas quarante ans. Princesse italienne, elle avait apporté à cette cour du Nord son soleil, sa gaieté, sa joie de vivre. Wolfran l’avait épousée par amour, et ils composaient, après dix-huit années de mariage, le ménage le plus bourgeoisement uni. Ne se tutoyaient-ils pas dans l’intimité, au grand scandale des hauts dignitaires de la cour, nourris des vieux prin-