Page:Yver - Le Metier du roi.djvu/117

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causant par groupes, les femmes en petit décolleté, les hommes en smoking ; une femme, penchée vers l’âtre, tisonnait et, le dos tourné à la porte, prononçait, quand Clara entra, la phrase suivante :

— Le roi les enverra joliment promener…

Mademoiselle Hersberg, les yeux vacillants, cherchait la barbe rousse de Wolfran. Elle ne reconnut que les frisons blonds de madame Czerbich et l’air de vieux général du comte Thaven. Il y eut, parmi les personnes présentes et averties, une légère agitation de curiosité ; Clara était très belle, plus pâle que de coutume, les yeux dilatés, ses bandeaux noirs gonflés au-dessus des tempes, et austère, dans sa robe noire, comme l’idée même qu’elle incarnait. Un profond silence se fit. Trois femmes imposantes et guindées étaient assises devant l’embrasure d’une fenêtre. Une seconde, Clara hésita à discerner la reine ; mais madame de Bénouville la prévint et, la guidant vers celle qui tisonnait, prononça en tortillant les barbes de sa coiffure :

— J’amène à Votre Majesté notre grande chimiste nationale.

— Ah ! mademoiselle Hersberg, fit l’exubérante souveraine, en tendant les deux mains, je suis enchantée, ravie. Depuis hier, je n’ai pas trouvé une minute pour vous voir ; vous êtes tout à fait aimable d’être venue ce soir. Dans la