Page:Yver - Le Metier du roi.djvu/121

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cipes protocolaires du roi Wenceslas ? La simplicité de la reine lui avait créé d’irréconciliables adversaires au sein même du palais ; on la disait d’esprit médiocre, peu instruite et de bon sens vulgaire. C’était une forte brune, d’un embonpoint accusé, au teint de citron, aux yeux voluptueux et bistrés. Elle avait ce qu’on nomme le regard de velours : elle voulait charmer les gens malgré eux et caressait Clara, dont elle n’ignorait rien, de ce regard coquet et enjôleur.

Clara n’avait pas répondu. La reine dit encore :

— Surtout, pas d’expériences dangereuses au laboratoire, n’est-ce pas, mademoiselle Hersberg ? La chimie me fait une peur horrible…, toutes ces choses qui explosent !…

— Que Votre Majesté se rassure ! Nous ne confectionnerons pas d’explosifs, dit Clara gaiement.

Plusieurs des hommes se mirent à rire, et trouvèrent fine et franche l’attitude que prenait crânement et spirituellement l’unioniste. Cet enjouement à rappeler qu’elle appartenait au parti révolutionnaire plut à quelques-uns. Mais le comte Thaven se mit à mâchonner ses joues ; son col épais tressauta dans ses plis. Une des trois dames, raide comme un marbre, déclara solennellement :

— La chimie est une science qui a fait de grands progrès.

— Grâce à des esprits puissants comme celui d’une Hersberg.