Page:Yver - Le Metier du roi.djvu/138

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ment, j’en étais très touché. Le protocole est parfois assommant ; vous m’en avez délivré une soirée, j’étais ravi. D’ailleurs, moi aussi, je me sentais en confiance, mademoiselle Hersberg. La reine avait repoussé la tapisserie et ramassait les laines éparses. C’était ainsi qu’elle levait la séance et donnait congé. Clara, selon le cérémonial, devait se retirer la première, madame de Bénouville vint la chercher.

— Chère mademoiselle Hersberg, j’espère que vous avez bavardé avec monseigneur de Hansen !

— Trop peut-être, fit Clara.

— Pas assez, dit le prince, mais nous recommencerons.

La vieille dame secouait la tête, la contemplait complaisamment, l’admirait. Mais Clara, toute pâle, avait retrouvé son masque de froideur. Une moiteur couvrait son front. Accoutumée à tout voir, madame de Bénouville demanda :

— Vous n’êtes pas bien ?

— Si, mais je me souviens… j’ai lu que le baise-main était de rigueur aux réceptions de la reine ; faudra-t-il faire ce geste ?

La vieille dame eut une moue amusée.

— Que non que non ! Sa Majesté a supprimé tout cela.

En effet, d’un mouvement large et sympathique, Gemma tendait ses mains, et avec plus d’expansion encore elle répéta sa phrase d’accueil.