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Page:Yver - Le Metier du roi.djvu/146

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— Nous ne sommes pas heureux.

On la sentait encore prête à pleurer. Clara était debout devant elle : on aurait dit la Force devant la Faiblesse, et leur contraste expliquait leur mutuelle attirance. L’archiduchesse reprit :

— On veut nous séparer.

— Comment, fit Clara déjà hostile à tout ce qui blessait la tendresse de ces beaux enfants, quelle raison aurait-on ? Le prince est de sang royal, d’une supérieure intelligence, assorti à l’âge de Votre Altesse.

— Oui, déclara la jeune fille pressée de s’expliquer sur son amour, mais le roi…

À ce moment, la porte s’ouvrit et madame de Bénouville qui, depuis une heure, cherchait sa pupille envolée, arriva le visage consterné, ses bons yeux pleins de reproche.

— Oh ! Altesse ! est-il possible de m’inquiéter de la sorte ?

Wanda se penchait, la prenait aux épaules, l’embrassait.

— Ma vieille amie, ne vous fâchez pas : où vouliez-vous que je fusse, sinon près de mademoiselle Hersberg, et que voulez-vous qu’il m’arrivât près d’elle, hormis d’être séduite par ses théories subversives, et de devenir unioniste à mon tour… D’ailleurs, ne niez pas, vous adorez mademoiselle Hersberg, vous me l’avez dit.

Madame de Bénouville hocha son long visage bénévole et déclara :