Page:Yver - Le Metier du roi.djvu/145

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Et de nouveau elle se penchait, suivait dans le tube l’arrivée lente des bulles de gaz ; mais c’était pour reprendre un peu après :

— Si je mourais, Géo régnerait… Qu’est-ce que vous pensez de lui, maintenant que vous le connaissez ?

— Qui donc ? dit Clara.

— Le prince Géo de Hansen. Vous m’avez conté l’autre jour votre aventure. Vous avez beaucoup causé au thé, chez maman.

Il est charmant, répondit Clara, distraite.

L’Altesse, fatiguée, avait repris son fauteuil. poussa un soupir et murmura :

— Nous nous aimons.

C’est là un propos qu’une femme n’entend jamais avec indifférence. Clara se retourna vers son élève, les traits tout éclairés d’une lumière joyeuse. Elle ne disait encore rien ; elle pensait au prince, si jeune, si vibrant, et de si délicate intelligence, et comme il s’était écrié au sujet de l’archiduchesse : « C’est une femme ! » avec cet air émerveillé d’un adolescent amoureux. Ah ! ils s’aimaient… ? et l’idylle s’évoquait fraîche, douce et jolie.

— Vraiment ? prononça-t-elle, souriant à cet amour comme on sourit à une musique touchante, vous me paraissez dignes l’un de l’autre, Altesse.

Mais Wanda ne se déridait pas ; elle était extrêmement triste ; elle posa son menton dans sa main et dit avec mélancolie :