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Page:Yver - Le Metier du roi.djvu/166

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grandes joies. J’avais redouté d’abord bien des éventualités dangereuses. Mais il y a certaines loyautés irrésistibles devant lesquelles on ne peut éprouver que de la confiance.

Clara balbutia au hasard une phrase restrictive.

— Je suis entièrement dévouée à Son Altesse.

Mais Wolfran reprenait :

— J’espère que nous causerons quelquefois, soit chez la reine le soir, soit à votre laboratoire que j’ai dessein de visiter. J’y ai appris l’état de menuisier, autrefois !

Ils sourirent ensemble. Trente personnages furtivement observaient l’étrange colloque du souverain et de la roturière. Le duc Bertie, dans une encoignure où son uniforme anglais faisait une tache rouge, avait ajusté son lorgnon, et sa physionomie était singulière ; les douairières exprimaient de la férocité. Le vieux Zoffern, droit comme un bronze, suivait sévèrement la scène. Les dames d’honneur passaient l’examen de la robe de drap noir que portait Clara. La reine, comme pour justifier Wolfran près des douairières, leur expliquait à voix basse :

— Cette Hersberg est la plus célèbre chimiste du royaume.

La grande maréchale, indignée, disait au comte Poltaw.

— On la dit fille naturelle de l’abominable Kosor.