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Page:Yver - Le Metier du roi.djvu/168

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s’assombrissait, se frêle poitrine se gonflait, elle murmurait âprement :

— Nous nous aimons trop, Géo !

Un large mouvement se dessinait autour d’eux ; ils n’en voyaient rien : les groupes se formaient, le couple royale franchit le portique aux colonnes de porphyre, la cour suivit, le patinage allait commencer. Une voix prononça :

— Altesse !

C’était Clara qui, demeurée en arrière, avait pensé à rappeler les jeunes gens à la réalité. Ils lui sourirent, contents qu’elle sût leur secret. Le prince dit :

— Ah ! mademoiselle Hersberg, la charité d’un coin du parc où causer tranquilles une demi-heure, on ne nous la fera pas !

— Vous savez, Géo, déclara l’Altesse un doigt levé, je n’irai sur la glace que soutenue par vous :

Clara était très attendrie. Elle contemplait ces deux jeunes êtres si fervents, persécutés dans leur amour. Le roi s’opposait à leur union : il les arracherait un jour l’un à l’autre. Ses yeux se mouillèrent.

— Chère Altesse, dit-elle, vous êtes heureuse aujourd’hui.

La frêle adolescente se redressa, dans un élan de passion.

— Oui, je suis heureuse ! fit-elle en regardant son prince, oui, je suis heureuse !