Page:Yver - Le Metier du roi.djvu/169

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Il baissa la tête, ne répliqua rien, tous trois descendirent au parc. À ce moment la fête s’ouvrait.

Des femmes de chambre, des laquais attachaient les patins aux pieds de leurs maîtres. La reine se promenait nonchalamment sur le chemin déblayé de neige qui ceignait le lac. On y avait disposé des braseros rougeoyants. Une chaleur intense s’en dégageait. L’air vibrait au-dessus, pareil à une fumée rapide. Que de maisons, où des êtres humains mouraient de froid, on aurait chauffées avec ce charbon gaspillé en plein vent ! Une bise sifflait, les femmes reboutonnaient étroitement leurs fourrures. Clara songeait âprement. Parfois son regard cherchait, parmi les uniformes multicolores, le grand uniforme blanc du roi. Elle le vit rire avec ses jeunes aides de camp. Il y eut une anxiété. C’était le moment où il devait prendre possession de la glace en compagnie d’une des dames présentes. Laquelle choisirait-il ? il demeurait énigmatique. Le lac était pareil à un vaste miroir de cristal. Cette eau durcie paraissait mystérieuse, attirante : qui en déflorerait la surface vierge ? Wolfran s’avança, dans sa tranquille omnipotence, vers le groupe escortant la reine. La beauté de la duchesse de Saventino l’arrêta au passage, on crut qu’elle serait l’élue ; mais il poursuivit, contourna la masse des dames d’honneur, toutes pâlissantes ; puis désinvolte, jeune encore par sa gaieté, sa