Page:Yver - Le Metier du roi.djvu/18

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neaux de terre ; une lampe à chalumeau ronflait ; huit éléments de pile répandaient d’âcres odeurs nitriques, et des cornues de verre, modelées comme un bras féminin transparent, étaient pleines à demi d’un liquide laiteux qui bouillonnait au-dessus des flammes bleues de l’alcool. Deux jeunes filles, préparateurs à l’Académie des Femmes et aides de mademoiselle Hersberg, allaient et venaient en tabliers noirs l’une surveillait les piles ; l’autre alimentait d’eau des ballons de verre. Enfin cette dernière apporta du laboratoire un petit creuset haut d’une main qu’elle déposa à la place du maître. Un chuchotement courut du bas en haut de la salle. Une porte s’ouvrit. Mademoiselle Hersberg entra.

Les quatre lustres électriques répandaient une lumière blanche qui pâlit son visage. Elle était grande et harmonieuse comme une statue ; ses cheveux noirs divisés en bandeaux drapaient un front de marbre ; les yeux étaient sombres, très beaux et d’une extrême douceur. Ils parcoururent l’amphithéâtre, et l’aspect d’une telle assemblée amena un sourire de contentement sur la physionomie grave. Puis mademoiselle Hersberg s’assit à son fauteuil. Quand elle eut rangé quelques papiers, elle prit le creuset et dit avec cette simplicité de parole qui était proverbiale à Oldsburg :

— Enfin, je puis vous montrer le thermium.

Aidée d’une pince, elle saisit dans le creuset de minuscules cristaux verdâtres qui ressemblaient à