Page:Yver - Le Metier du roi.djvu/19

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des gommes colorées d’absinthe et en disposa quatre ou cinq d’inégale grosseur sur une plaque de verre. Il y eut un silence religieux. De grands garçons de dix-huit ans retenaient leur souffle ; les femmes frémissaient. L’une des aides offrit la plaque de verre au premier des assistants, un homme à longue barbe rousse qui accompagnait une jeune fille, et pour la première fois le corps nouveau passa sous les yeux du public.

Maintenant, de rang en rang, les fragments de thermium circulaient et mademoiselle Hersberg commençait son cours. Elle racontait la genèse du thermium. Le timbre de sa voix n’avait rien de remarquable sinon une autorité dont on ne s’expliquait pas au juste la nature, car c’était tout simplement l’organe assez doux d’une femme jeune. La célèbre chimiste venait en effet d’avoir trente ans. C’était, disait-elle, en manipulant des minerais provenant des terrains houillers du Sud qu’elle y avait d’abord découvert des traces de bismuth sous la forme de tétradymite, celle si rare qui contient du tellure. Et c’est en voulant traiter ce sel par divers acides pour isoler le tellure qu’elle avait obtenu des résidus singuliers dont une particularité, entre toutes, l’avait intriguée un de ces corpuscules tombant dans de l’eau froide y avait produit un léger bouillonnement, comparable à celui qu’y aurait provoqué la chute d’une cendre ardente.

La communion d’idées qu’elle sentait exister