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Page:Yver - Le Metier du roi.djvu/187

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Quoi qu’il en fût, la mère, qui caressait secrètement l’idée de ce mariage d’amour et le favorisait de toutes ses forces, avait autorisé le prince, qui était bon sculpteur, à commencer le buste de Wanda. Le côté clandestin de l’aventure se parait de la pieuse intention d’une surprise à faire au roi. Madame de Bénouville était d’abord seule dans la confidence. Clara y fut mise, à son tour, en sa qualité de « meilleure amie ». Même, quand la ressemblance commença d’apparaître, elle fut conviée à se rendre à la salle de musique de Wanda, que l’artiste avait choisie comme atelier pour sa lumière douce et mystérieuse.

C’était en février, une fin d’après-midi. Madame de Bénouville, qui écrivait dans le petit salon de son élève, indiqua discrètement à Clara le couloir intime qu’elle pourrait prendre pour ne rencontrer personne.

— Ils sont là, les pauvres enfants, dit-elle avec sa mélancolie de vieille femme indulgente.

Clara entendit les sons filés et lointains de l’orgue ils la guidèrent. Elle ouvrit une porte étroite. La salle de musique apparut semblable à une chapelle avec ses trois baies Renaissance, aux vitraux plombés. Aux murailles tendues de drap rouge sombre, était accrochée une collection d’instruments de musique anciens violes ventrues de la vieille Lithuanie, psaltérions d’Allemagne, somptueuses guitares andalouses, luths gracieux du Moyen âge français, violons