Aller au contenu

Page:Yver - Le Metier du roi.djvu/20

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

entre elle et l’auditoire l’incitait à une certaine familiarité de ton et de parole. Elle connaissait la plupart des étudiants et étudiantes, mais la grande affluence d’aujourd’hui la déroutait un peu, et volontiers, en causant, elle fixait cet inconnu à barbe rousse, son plus proche vis-à-vis, et la délicate jeune fille enveloppée de fourrure qu’il avait amenée. Ce devait être quelque riche industriel d’Oldsburg, curieux de science. Il semblait à mademoiselle Hersberg que ces deux personnes l’écoutaient avec plus d’attention que les autres. Les autres, c’étaient, à part les étudiants, les Oldsburgeoises et quelques élégants, de nouveaux venus éparpillés dans la salle. Affectant des genres différents, exhibant des mises diverses, ils gardaient un air de famille ; on aurait dit des coulissiers de petite envergure comme on en voit le mercredi au péristyle de la Bourse. Ils bâillaient. Mademoiselle Hersberg disait, en quelques mots très retenus, sa grande émotion d’alors et ce qu’elle avait ressenti quand elle avait acquis cette certitude : les petits cristaux verdâtres impressionnaient le thermomètre, le corps nouveau émettait de la chaleur !

De gradin en gradin les corpuscules lui revenaient. Ce fut l’Oldsburgeois roux qui, en dernier lieu, reçut la plaque de verre : une fois encore il examina les fragments de thermium avec une attention passionnée. La blonde adolescente qu’il escortait se pencha elle aussi ; ils échangèrent un